Alsace
Zellenberg

Le Maximilien : Quand l'assiette est un spectacle !



Trois toques Gault & Millau
                                       

Ah le Maximilien !

« Le coeur a ses raisons, que la raison ignore. » pensait Pascal. Comment coucher des mots quand la passion vous habite ? Comment trouver les mots justes pour ne pas trahir ni affadir son émotion? Comment prendre le recul suffisant pour rester objectif ?... Incontestablement écrire sur son restaurant favori du Haut Rhin n'est pas une sinécure mais une gageure, qui finalement se transforme vite en plaisir car ce restaurant a vraiment tout pour plaire...

  • Perchée tel un nid d'aigle sur la colline du charmant village de Zellenberg, la demeure construite par les propriétaires en 1990, toute de rose peinturlurée dans un style alsacien, rayonne lorsqu'on longe la Route des vins. Le restaurant dispose de deux salles bourgeoises, boisées, d'aucuns diront strictes, mais d'un beau cachet car sobres, sans clinquant, sans apparat, feutrées, dégageant de la classe tout simplement. Les tables sont joliment dressées, les fauteuils rénovés apportent une petite touche contemporaine entourés d'une décoration discrète, élégante, de goût.

  • Mais ce qui donne le charme ultime à la salle, c'est l'ouverture panoramique sur l'une des plus belles terrasses alsaciennes après celle de l'Auberge de l'Ill, hors compétition !!! Si comme nous, vous avez la chance de pouvoir y prendre votre repas, vous serez assis aux premières loges du spectacle qu'offre Dame Nature, au pied des vignes appartenant aux deux frères du Chef. Vous baignerez dans un univers verdoyant , fleuri, bichonné avec goût - aux nappes fleur sur les tables près, mais c'est personnel ! - ombragé, surplombant le pittoresque village de Riquewihr en contrebas... Magnifique, méditatif, je ne m'en lasse pas !

  • Cependant, comme dans toute bonne pièce, le décor a beau être étourdissant, si la mise en scène et l'interprétation des comédiens ne sont pas à la hauteur, cela devient vite ennuyeux et sans intérêt.

    Ici les deux personnages principaux sont tenus par deux interprètes, que dis-je, par deux artistes qui jouent leur rôle sans cabotinage, dans la discrétion, la sobriété mais toujours passionnément.

  • Anne Eblin, épouse du Chef, accorte, met en scène, accueille posément d'une voix douce et enjouée, veille dans les moindres détails au bon déroulement de la représentation afin d'éviter d'éventuels trous de mémoire ! Elle est assistée par sa fidèle et dévouée équipe en salle, Christophe à la sommellerie et Fanny au service. Ils assurent à eux trois un service fluide, sérieux, aimable, pro sans chichi et offrent un magnifique tremplin à la cuisine.

    Mais celui qui donne le mieux la réplique c'est le maestro, le Chef, Jean-Michel Eblin. Certes il ne joue pas sur l'avant de la scène mais dans l'ombre. Pourtant c'est lui qu'on voit, qu'on ressent, qu'on devine, car sa cuisine, c'est lui ! Ses plats reflètent son portrait. Ainsi pour l'avoir vu peu souvent en quelques 15 années de fréquentation assidue, j'ai l'impression de le connaitre mieux que n'importe quel autre chef ! Pourtant rares sont les Chefs aussi discrets, si peu médiatiques.
    Son rôle c'est dans l'assiette qu'il l'interprète, il lui consacre et y concentre toute son énergie dans une quête constante de l'excellence. Tout ce qui se passe autour l'intéresse peu ou prou sauf la satisfaction de ses clients. Et question assiette, quel spectacle ! Après des heures de répétition en cuisine, notre virtuose du piano se lance dans une interprétation de Haut vol, digne de la Comédie Française avec le sérieux en moins... À table, les mots, les dialogues sont remplacés par des émotions gustatives, des silences de plaisirs, des sourires de satisfaction, des oh admiratifs. On est dans le non dit, on touche la quintessence.

  • Jean-Michel Eblin est un orfèvre, un magicien pour certains, voire un alchimiste pour d'autres, il a une manière incomparable, personnelle de sublimer le produit, tout en finesse, en sobriété, en subtilité, en générosité, toujours au service du goût mariant les ancrages classiques du terroir aux innovations du moment... Et ça fait mouche à chaque réplique, on applaudit à tout rompre ! Il sonde les cuissons, sait travailler avec justesse et maîtrise, sélectionne ses produits, il respecte les saisons, c'est le socle de son talent, Il s'aventure ça et là vers des associations terre-mer, des contrées asiatiques, exotiques avec des pointes aigres douces et ça c'est son charme qui fait sa différence. Avec un atout supplémentaire, une ébullition créative et une remise en question permanente, une constance qualitative exceptionnelle !

    Pour y être venu des dizaines de fois, j'ose l'affirmer c'est le seul et unique restaurant où je n'ai jamais été déçu par un plat. Et je ne suis pas le seul à le penser, tout mon entourage proche est unanime. Je fais une digression sur ma vie privée mais ce restaurant fait partie de ma vie ! C'était le restaurant favori de ma regrettée maman, mon père n'aime véritablement qu'un restaurant gastro, c'est celui-ci. Mon ami Marc, le webmaster du blog, n'en pense pas moins et sa maman tout autant. Le secret de cette unanimité transgénérationnelle, l'authenticité, le respect du produit, du client, la sincérité et accessoirement un tonnerre de talent, en tous cas un grand coup de foudre pour cette magnifique adresse qui n'a pas failli à sa réputation lors du déjeuner d'anthologie que nous avons eu la chance d'apprécier sous un beau soleil de septembre...

    Les trois coups retentissent, que la représentation commence !

  • En guise d'ouverture, l'Asie s'invite dans le décor :

    Rouleau de printemps yuzu tartare de saumon sésame ; tartare de gambas avocat vermicelle chinois.
    Crémant rosé Eblin fuchs élégant et sur le fruit.

  • La scène s'anime avec une étonnante escalope de foie poêlée sur une tarte flambée, jambon pata negra bellota, jeune pousse de shiso, jus de viande. Belle interprétation , joli clin d'oeil au terroir local avec quelques "embardées" extra territoriales.
    Pinot gris Vieilles Vignes du Domaine EBLIN-FUCHS, nez miellé, raisins mûrs, note de coing belle acidité, un peu fumée en finale.

  • Le carpaccio et le tartare de langoustines, tapenade d'olives et émulsion de langoustine à boire comme un cappuccino permettent au Chef de se lancer dans l'une de ses tirades favorites. Il est en effet friand de langoustines et serait tenté parfois de l'accommoder à toutes les sauces !
    Domaine des Granges de Mirabel 2015 IGP Viognier Ardèche Chapoutier Arômes d’abricot, de poire, fraicheur en bouche caractéristique du Viognier. Expressif. Joli flacon.

  • Le Chef reste dans le registre de la mer, qu'il sublime et travaille toujours avec autant de maestria, avec un homard, algue wakame, champignon shimeji et une émulsion de courges, Un régal !
    Chablis Grand Régnard 2015 Arômes intense, note d'agrumes Bouche ronde et grasse soutenue par une acidité bien enveloppée, présence de fruits secs et amande... Finale longue et citronnée. Un grand vin !

  • L'interprétation se rapproche des côtes avec un filet bar cuit à basse température, jus de persil, huître, accompagné de superbes petits grains de caviar Sevruga. Quelle joliesse, quelle belle maîtrise de la cuisson et quelle subtilité des saveurs ...

  • Retour sur le plancher des vaches et entre en scène une poitrine de pigeon rôtie, fricassée de betteraves à la coriandre, purée de betteraves et son cromesquis farci avec la cuisse du pigeon, sauce betteraves épicée. Un moment de plaisir, grande prouesse technique et gustative, sans ressentir le goût souvent terreux et désagréable de la betterave.
    Pomerol Château Bonalgue 2010 Olfaction puissante, fruits noirs. Bouche franche sur le fruit. Tannins fondus.

  • La scène finale sucrée conclut magistralement cette"pièce" gastronomique tout en légèreté avec un Millefeuille Mirabelles poêlées et son sorbet pêche.

  • Tous les acteurs de la brigade et de la salle s'avancent alors sur le devant de la scène pour nous saluer. Nous nous levons spontanément pour les applaudir juste le temps pour nous de grignoter quelques mignardises dont les sublimes cannelés que Jean-Michel réalise à la perfection, même mieux qu'à Bordeaux je pense ! Nous en profitons pour prendre quelques photos de la troupe afin d' immortaliser ce moment d'exception, même si à coup sûr nous reviendrons très vite assister à une prochaine représentation car la pièce devrait encore restée un certains temps à l'affiche. Elle mériterait d'ailleurs deux Molières étoilés en guise de récompenses !!!

    Bravo les Artistes !

    Crédits photos : Christophe se met à table


    Dernière visite en septembre 2016


    Restaurant Maximilien - 19 a route d'Ostheim - 68340 Zellenberg - France - tel (33) (0)3 89 47 99 69     Lien





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